C’est sans doute l’un des plus beaux films de cet étonnant festival qui se déroule au Trianon, aux portes de Paris dans cette mythique salle de cinéma à Romainville qui accueillit naguère la dernière séance animé par Eddy Mitchell. Si j’évoque le souvenir du rocker en santiags, c’est que ce film a quelque chose du western. Ce n’est pas seulement à cause des paysage désolés à perte de vue, magnifiquement filmés par le cameraman de David Oelhoffen, ou de l’histoire réduite à l’os, ou encore aux dialogues rugueux et avares, non, c’est un subtil équilibre entre tous ces éléments. De ce fait Loin des hommes est probablement le premier vrai grand western qui ait été réalisé par un français. Captant son esprit, sa dimension métaphysique, il situe son auteur, David Oelhoffen, dans la lignée des grands cinéastes du western et de ce fait comme l’un des réalisateurs qui comptent d’aujourd’hui.
Nous sommes en 1954. Alors que la rébellion gronde dans la vallée, deux hommes, que tout oppose, sont contraints de fuir à travers les crêtes de l’Atlas algérien. Au cœur d’un hiver glacial, Daru, instituteur reclus, doit escorter Mohamed, un villageois accusé de meurtre. Poursuivis par des cavaliers réclamant la loi du sang et par des colons revanchards, les deux hommes se révoltent. Ensemble, ils vont lutter pour retrouver leur liberté.
Cette odyssée à travers les montagnes de l’Atlas est un récit initiatique, un moment de passage et un très beau témoignage de la fraternité entre les hommes. Librement inspiré d’une nouvelle d’Albert Camus (L’Hôte issue du recueil « L’Exil et le royaume »), il donne à voir les débuts de la guerre d’indépendance et les dérives qu’elle engendre. Il n’y pas de noble cause pour lequel il faut verser du sang. Il n’y a que la vie. C’est l’austère leçon de ce très beau film remarquablement interprété par un Viggo Mortensen qui met ses pieds dans les bottes de Gary Cooper, et Reda Kateb, qui s’affirme comme une des belles révélation du cinéma actuel. Cette confrontation entre deux hommes prisonniers de leur époque mérite le déplacement. Courez voir ce film. Sélectionné par La Mostra de Venise 2014, le film sortira le 15 janvier 2015 sur les écrans.