Dans la veille que nous conduisons sur le thème de la diversité culturelle, cet article de Kevin Poirault, un journaliste du Monde, nous est apparu particulièrement pertinent. Il a été publié sur son blog : http://kevinpoireault.blog.lemonde.fr/2012/10/29/erasmus-seul-truc-qui-marche-en-europe-aujourdhui-et-encore/
ERASMUS: Un voyage initiatique fantasmé par l’imaginaire européen depuis Homère
Identité européenne, choc des cultures, diversité… Le programme Erasmus s’inscrit dans une logique de renouveau des consciences du Vieux Continent. Et ça, ça se traduit par le voyage, mais un voyage permettant aux jeunes notamment de découvrir des recoins inconnus de l’Europe, de se rendre compte des points communs et des différences de culture à l’intérieur du continent.
Et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’Europe est une terre de voyages ! De L’Odyssée à L’Auberge Espagnole en fiction, en passant par toutes les guerres, les occupations, les flux d’immigration, les voyages initiatiques des jeunes aristocrates et le tourisme, l’Europe est et a toujours été une terre en mouvement.
Le sociologue Vincenzo Cicchelli analyse le tournant culturel, ou plutôt multiculturel, que le programme Erasmus a fait prendre à l’Europe. Il explique en quoi « les jeunes aujourd’hui [grâce au programme Erasmus] accèdent à un voyage de formation d’initiation » :
Erasmus, ou l’apprentissage de l’Europe par laviedesidees
Un programme largement sollicité…
231 408. C’est le nombre d’étudiants ayant choisi le programme Erasmus en 2010/2011, desquels 190 495 sont partis pour effectuer des études et 40 913 pour des stages. De leurs côtés, les enseignants ont été 42 817 a partir à l’étranger au sein de ce programme dans cette même année 2010/2011, dont 31 620 en missions d’enseignement et 11 197 en formation*.
Au-delà de tous ces chiffres, on voit bien que ce programme attire non seulement de plus en plus, mais également qu’il entre dans les consciences comme une expérience à faire. L’année Erasmus, c’est, en général, la meilleure de toutes les études. Et Erasmus se nourrit lui-même : l’expérience des étudiants de retour dans leur pays donne envie à leurs amis, qui partent et en parlent autour d’eux, etc.
Tout ceci est une réalité européenne, qui se confirme en France, comme nous l’indique cet article du Monde daté du 1er juin 2010, Les étudiants français « champions de la mobilité » Erasmus :
Alors que la crise économique fait vaciller l’unité européenne, les jeunes Français gardent le goût de l’Europe. La France se place en tête du palmarès européen de la mobilité étudiante via le programme Erasmus pour l’année universitaire 2008-2009, s’est félicitée mardi la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, lors d’une conférence de presse.
L’an passé, 28 283 étudiants français sont partis étudier ou effectuer un stage à l’étranger, pour une durée moyenne de sept mois, dans le cadre du dispositif européen de mobilité universitaire. Un chiffre en hausse de 9 % par rapport à l’année précédente, et de 35 % depuis 2003. « La France dépasse de peu l’Allemagne, et retrouve la première place qu’elle n’avait pas occupé depuis 2003 », a précisé Jean Bertsch, directeur de l’agence Europe éducation formation France (A2E2F).
Et avec le lancement, pour l’année 2004/2005, de l’extension Erasmus Mundus, concernant des masters et doctorats communs à plusieurs universités européennes et ouverts sur l’international, le programme Erasmus semble avoir encore de beaux jours devant lui…
… Et pourtant en sursis
Aujourd’hui apparemment sauvé, le programme Erasmus a animé les débats ces derniers mois, notamment en raison du « cri d’alarme » lancé lundi 1er octobre à Bruxelles par Alain Lamassoure, le président de la commission des budgets du Parlement européen (voir Erasmus est-il menacé par les restrictions budgétaires européennes ?) :
« Le fonds social européen est en cessation de paiement depuis le début du mois et ne peut plus effectuer de remboursements aux États. La semaine prochaine, ce sera le tour d’Erasmus, le programme pour les étudiants, et à la fin du mois, le programme pour la recherche et l’innovation n’aura plus d’argent. »
Pour terminer sur une note positive, voici deux articles rassurants sur l’avenir d’Erasmus :
- Erasmus coûte-t-il si cher ?, publié dans le quotidien suisse Le Temps et republié dans Courrier International
- La génération Erasmus, dernier espoir de l’Europe, publié dans le quotidien polonais Gazeta Wyborcza et rebublié dans Presseurop