« Chloé », le film du Canadien Atom Egoyan qui a ouvert la section officielle dela 57e édition du festival de cinéma San Sébastien, déploie un casting d’acteurs de premier plan.
Les Julianne Moore, Amanda Seyfried et Liam Neeson n’ont pas déçu dans leurs interprétations respectives. Une femme de la nouvelle bourgeoisie professionnelle soupçonne son mari d’infidélité et pour le mettre à l’épreuve, loue les services de Chloé, une prostituée de luxe.
« Il s’agit d’un film sur le mariage, et sur l’importance de pouvoir de se réinventer dans les relations de couple pour pouvoir comprendre qui nous sommes », a expliqué Atom Egoyan en conférence de presse. Ce dernier film du réalisateur canadien est également un film sur le rôle de l’imaginaire, sur les idées que nous nous faisons sur nous-mêmes, sur la vieillesse et la perte de notre pouvoir de séduction, sur nos proches, sur l’infidélité du conjoint …et sur les dangers liés à ces pensées. Chloé tombe amoureuse de la femme qui l’emploie et essaie de rentrer dans sa vie. La prostituée se transforme ainsi d’objet en sujet du drame.
Dans Chloé, nous sommes très loin de 2002, année qui a permis à Egoyan d’entrer dans le gotho du cinéma. Le souvenir d’« Ararat » fameuse montagne où s’échoua l’Arc de Noé, qui avait donné le titre à son premier film est bien loin du paysage de « Chloé », gris et humide marqué par ce mélange de pluie et de neige qui signe le début de l’hiver à Toronto. Grisaille et froide humidité sont également le reflet de l’état d’âme d’une couple qui a perdu la joie et l’amour. C’est l’irruption de Chloé qui permet aux personnages interprétés par Marianne Moore et Liam Neeson de se retrouver. Comme par miracle, dans les dernières scènes du film l’hiver canadien a disparu pour faire place au printemps. Mais il est impossible de ne pas y lire en filigrane une critique de nouveaux rapports de classe, voir de caste puisque ce « Happy Ending » pour la famille des Brahmanes urbains de l’Occident postmoderne implique le sacrifice de Chloé la prostituée. Aussi belle soit-elle, elle demeure une « hors caste ».
Changement de décor pour The White Meadows, film du réalisateur iranien Mohammad Rasoulof . Ici nous sommes sur les rives d’une mer très, trop salée qui ressemble beaucoup à la Mer Morte. C’est l’histoire d’un homme dont la profession, véritable version persane du druide celtique, est de recueillir les larmes des gens qui pleurent pour exorciser leurs douleurs.
« J’ai voulu faire un film sur la souffrance dans mon pays » a expliqué M Rasoulof, enveloppé dans une écharpe verte, le couleur de la révolte politique ces temps ci en Iran. Le film a été tourné dans des conditions presque clandestines, les permis ont été difficiles à obtenir et M. Rasoulof a cherché « un langage artistique pour puiser dans les légendes, les mythes de la riche culture iranienne qui pouvait me permettre de dénoncer un régime ». Le pari est gagné : The White Meadows est un film qui marie superbement la poésie et l’image