Les films gagnants de la 26e édition de cette désormais incontournable rencontre annuelle avec les cinéma latino-américain permettent de faire deux premières constatations : aucun pays en particulier à raflé la mise, en d’autres mots, plusieurs pays ont vu leurs œuvres au palmarès, et les thématiques des films primés sont fort différents.
En fait, on remarque que l’ « abrazo », l’accolade, du meilleur film est allé à La Familia, la famille, film vénézuelien réalisé par Gustavo Rondón Cordova ; la chilienne Marcela Said, réalisatrice de Los Perros, Les chiens a remporté le prix du jury pour les long métrages de fiction ; le Centauro, de l’argentin Nicolas Suárez a obtenu le prix des courts-métrages ; les brésiliens Ricardo Martensen et Felipe Tomazelli sont les récipiendaires le prix du meilleur documentaire avec Cine Sao Paulo ; et finalement le public de Biarritz a primé le cubain Ultimos días en la Habana, les derniers jours à La Havane.
Venons aux films. « La Familia » raconte l’odyssée d’un père et un fils pris dans la piège du crime d’une banlieue de Caracas. On pourrait résumer ce film ainsi : le père, le fils et la criminalité rampante. Une bagarre entre jeunes garçons tourne mal et sachant que les caïds du crime se vengeront sur son fils, le père force le fils à prendre la fuite. En cavale le père et le fils se confrontent et se retrouvent. Ce film a un mérite et une caractéristique. Le mérite : il s’en prend pas à la politique, mais à la criminalité ; s’agissant du Venezuela on apprécie ce choix. En fait, les problèmes sociaux indéniables de ce pays souvent attribués par les « occidentaux » à des décisions politiques du gouvernement traité à tort de « dictature », sont en fait issus d’une criminalité incontrôlable, et donc non pas par un État trop dur, mais au contraire trop faible vis-à-vis les réseaux criminels pour pouvoir s’attaquer à la problématique sociale.
LA FAMILIA ET SES « VALEURS »
D’autre part, la caractéristique de La familia est qu’il s’agit d’un film très « masculin ». C’est une histoire d’hommes, d’un père et d’un fils qui se comportent comme des « mecs » de leurs âge respectifs avec vices et vertus dans l’un et l’autre cas. Le père assume ses responsabilités paternelles, d’un part, et essaie de l’autre d’exercer « honnêtement » si l’on peut dire son métier de « voleur professionnel » ; on imagine la rivalité du fils qui bouscule cet ordre des choses.
Si ‘la famille vénézuelienne‘ est un film d’hommes, ‘les chiens‘ (Los Perros) du Chili sont clairement est un film de femmes. La réalisatrice Marcela Said présente Mariana, une femme de la grande bourgeoisie patriarcale marquée par le père et le mari. L’espace d’émancipation de la femme se présente par le bais de ses classes d’équitation et par son maître d’équitation un ancien colonel lié à la dictature de Pinochet. La relation se décline parfois en rencontre érotique, mais la force du film, sono originalité et son courage est ailleurs. Le colonel en question est accusé d’avoir commis des crimes contre les opposants de la dictature. Mais l’ancien militaire n’est pas un repenti, il assume ses gestes au nom des valeurs patriotiques très enracinées qui n’a pas de place pour la mensonge et fournira à Mariana des infos importantes.
Nous saluons ce personnage du colonel de la dictature chilienne, comme on respecte un ennemi qui assume ce fautes et n’essaye pas de se cacher. Dans une société de plus en plus égocentrique, il est heureux que l’on dresse le portrait de ce genre de personnage sans faux semblants qui aide la jeune femme a trouver certains des réponses à ses questions.
Venons au prix du public. Les derniers jours en La Havane, de Fernando Perez, est l’histoire d’un homosexuel cultivé mourant de sida et un ‘asexuel’ plongeur dans un resto rêvant d’Amérique. Autour de cette amitié qui plonge ses racines dans l’adolescence des deux hommes, bouge Cuba, avec ses caractères pleins de vitalité et d’excentricité. Mais les deux hommes qui tout sépare partagent un trait angoissant : le sentiment d’impuissance. Le sidéen attend sa mort sur son lit ; l’ami ‘asexué’ attend l’occasion de partir aux Etats-Unis. La mort arrive d’une part, et le visa pour expatrier de l’autre, mais il n ya pas grand chose qui change, la tristesse est de fond. Le plongeur de plats cubaine se retrouve à laver des plats chez Macdo aux US.
Cine São Paulo est le titre du documentaire gagnant. L’œuvre réalisé par Martensen et Tomazelli suit le combat Chico Telles qui essaye de rouvrir la salle cinéma qui était jadis de son père dans la ville de Dois Corregos au Brésil. Le bâtiment est en ruines et la renaissance est de mise. En fait, il s’agit des efforts d’un cinéphile de faire renaître l’atmosphère magique des anciennes salles de cinéma. Le caractère est touchant et sincère, mais il y a un ton nostalgique qui termine par être un peu mielleux.
Terminons avec le Centaure, le court gagnant argentin de Nicolas Suarez : 14 minutes où se mêlent le combat (presque érotique) entre homme et cheval, la poésie lyrique des gauchos argentins croisant les rythmes modernes.
Robert Scarcia