François Rebsamen, interrogé par Public Sénat ce 25 septembre à propos d’un budget « d’austérité » assène à son interlocuteur un vigoureux « Je récuse le terme austérité » en ajoutant : « C’est un budget rigoureux ». Diable !
Ils sont drôles, les politiques. Ils sont intelligents, souvent ; ils ont de l’humour, parfois, mais ils utilisent les mots n’importe comment.
L’ennui, c’est que ces deux adjectifs sont synonymes. La rigueur et l’austérité, kif kif ! Derrière ces mots il y a sévérité, privation. On se prive de fonctionnaires, d’augmentation de salaire, de médicaments parce qu’ils ne sont plus remboursés, de vacances aux Maldives. Oh, mon Dieu ! Pas d’océan turquoise cette année ! Au moins ne risquera-t-on pas de tsunami. Ces raisins sont trop verts, disait le renard incapable de sauter pour les atteindre.
Je suis étonnée de voir que, chaque fois que l’on parle de budget, l’opposition crie au scandale, oubliant que 2011 fut une année austère, que 2010 itou… Et encore plus étonnée que le socialiste interrogé omette de rappeler que le précédent quinquennat a augmenté le déficit de 54 Milliards. Quel bond en avant ! Une guerre en Libye, une presque guerre en Côte d’Ivoire et le compte doit y être. A moins que pour la première, sans nous l’avoir dit, le précédent gouvernement se soit fait rembourser par l’ONU…
L’austérité, c’est aussi, nous dit le Robert, la gestion stricte de l’économie d’un pays. Ah bon ! il y a donc des gestions lâches, négligentes, voire relâchées ?
En tout cas, ce matin, Monsieur Rebsamen avait revêtu un costume strict et une cravate négligemment nouée, rayée de vert.
Rien d’austère à la vérité.