On peut trouver l’appellation guerre du Mali dans de nombreux journaux africains notamment dans le Walfadjri du 31 janvier. Samir Amin préfère la guerre du Sahara qu’il prédit « longue, coûteuse, pénible » et ajoute qu’il souhaite que les forces françaises ne partent pas avant la victoire, contredisant ainsi les dires de Laurent Fabius qui, lui, pour des questions de gros sous, affirme que notre armée partira rapidement. De quelle victoire parle-t-on ? De l’éradication de l’Hydre AQMI-MIA, spécialistes des enlèvements d’expatriés avec violences et mort, et des mains coupées, et des manuscrits anciens brûlés à Tombouctou ? Et que faire alors du MNLA Touareg qui rejette haut et fort le terrorisme et dont les revendications territoriales remontent à plus de trente ans sans que les gouvernements successifs du Mali aient jamais pu y trouver un embryon de solution négociée ?
Pourquoi la communauté internationale a-t-elle attendu aussi longtemps pour s’intéresser à ce qui se passait au Mali ? Où donc se cache-t-elle, cette prétendue fraternité africaine qui laisse faire pendant 7 mois et attend l’arrivée de la France pour se décider enfin à envoyer quelques bataillons ?
Tout comme nous doutons de l’Union Européenne, terrassée par des soubresauts à répétitions, qui peut encore croire à ce mythe de l’Unité Africaine ?
Et qui peut encore croire aux déclarations du président français ?
Vous rappelez-vous, cher François Hollande, cette promesse maintes fois réitérée : « Il n’y aura pas de soldats au sol ! » Vous aimez bien les euphémismes, comme beaucoup de politiques. Utilisez donc l’expression ad hoc : autant que faire se peut, il n’y aura pas… Et préférez guerre du Sahara, voire du Sahélistan, à guerre du Mali.
Quant au nom de code de cette guerre, Serval, il me semble totalement inapproprié. Le serval, en effet, est une sorte de chat sauvage – le Robert le décrit comme un petit félidé tigré –, un bel animal de la savane. Les gens d’Aqmi ou d’Ansar ad-Dine sont des hyènes. Les hyènes , contrairement à ce que vous pouvez croire, ne se contentent pas de dépecer des charognes. Quand elles ont faim, elles attaquent , sur le chemin du retour au village, ces femmes esseulées, incapables de se défendre après une journée de travail dans les rizières.