Le débat a bien eu lieu. Dans la rue et dans les médias. On y a fait participer des enfants en poussette qui n’en pouvaient rien et n’y comprenaient goutte mais aussi des préadolescents au visage non flouté qui criaient des slogans et regardaient la caméra bien dans les yeux. Ce n’était peut-être pas leur place. Pourtant je n’appelle pas débat les insultes, les stupidités et les gens qui empêchent l’adversaire de parler.
J’appelle débat une dispute comme on employait le mot au XVIème et au XVIIème siècle, une discussion, une controverse, comme la fameuse de Valladolid en 1550 sur la nature des Indiens du nouveau monde. Si on poursuit la métaphore, rappelons que l’homosexualité, en France, jusqu’en 1982, était un délit, un acte contre nature, une maladie mentale ; beaucoup de gens, dans certains milieux, partagent encore cette opinion. L’article 332-1 du code pénal a été abrogé par le ministre Badinter à cette date, il y donc 30 ans. Rappelons également que le vote du pacte civil de solidarité en 1998 a donné lieu à bien des manifs, des débats, des violences verbales et autres. Tout le monde trouve cela très bien aujourd’hui. Restait à supprimer certaines inégalités concernant l’héritage, les impôts, la pension de reversion. Des histoires de gros sous. Sans oublier l’adoption plénière.
Une figure étonnante a émergé dans ce débat, puis occupé l’espace médiatique, en particulier le zapping de Canal+. Brigitte Fargeau, Fardeau, Bardot, qui, à force de contrepèteries est devenue Frigide Barjot s’est-elle rendu compte à quel point le pseudo qu’elle s’était choisi était dévalorisant pour elle et son mouvement, la Manif pour tous ? Un barjo est en verlan un jobard, un fou, un taré, quoi ! Un bardot est un mulet, un fardeau bien lourd à porter pour un patronyme. Et cette dame veut conduire une liste aux municipales de 2014 et invite ses partisans à en faire autant.
Brr ! On en frissonne !
On frissonne aussi devant certains chiffres : 80 pays, quasiment la moitié du monde, criminalisent la relation homosexuelle et 8 pays (républiques islamiques) condamnent à mort ceux qui s’en rendent « coupables ».
IM
