La 67e édition du Festival du cinéma de Saint-Sébastien a honoré du premier Prix Donostia (Saint-Sébastien en langue basque) la longue carrière d’un vétéran du grand écran : le réalisateur Costa-Gavras. Né en Grèce en 1933, émigré en France à 22 ans, citoyen français mais qui, comme il l’a souligné en conférence de presse, ne peut pas s’empêcher de continuer à être et à se penser grec ». Costa-Gavras est en effet est un de rares cinéastes contemporain à avoir réussi la synth§ès eent erle cinéma et le politique. A lui seul il incarne l’idéal de l’intellectuel engagé, « organique » dans la lignée de Gramsci mais transposée sur le grand écran.
Mais, nuance oblige, Costa-Gavras rejette la catégorie de réalisateur « politique », puisque « tout film est une manifestation politique », et comme il a voulu le souligner, « ceux qui vous mettent le label de cinéaste politique, s’en servent pour vous stigmatiser ». Pas d’étiquettes donc, pour Costa-Gavras, car « un film ne peut pas être come une partie de football, un simple spectacle d’évasion qui nous amuse pendant deux heures sans laisser de traces ». Malgré un constat plutôt amer sur les conditions du monde aujourd’hui en général et à la Grèce en particulier, Costa-Gavras reste optimiste et… européiste. « Si nous nous comparons avec l’Europe au début du XX siècle, nous voyons que nous avons beaucoup progressé », a-t-il souligné, « la seule façon de trouver des solutions est de rester unis, nous n’avons pas d’autre choix que de nous entendre ».
Ce plaidoyer pour l’Europe unie peut paraître surprenant dans le contexte du festival parce que le prix de Costa-Gavras a coïncidé avec la présentation à Saint-Sébastien de son dernier film « Adults in the room », inspiré de l’autobiographie de Yanis Varoufakis, ancien ministre de l’économie du gouvernement Tsipras, qui raconte le combat (perdu) pour essayer de libérer la Grèce des diktats néolibéraux d’une Europe à traction allemande.
Soulignons que Adults in the room est tiré du livre de l’économiste qui fait écho à celui nom moins célèbre de Vassili Vassilikos qui inspira Costa-Gavras pour le films Z dans lequel était évoqué l’assassinat d’un opposant à la dictature des colonels. On reconnaît là sa ligne éditoriale.
Du livre de Vassilikos, à l’autobiographie de Varoufakis, on remarque que Costa-Gavras ne cesse de dénoncer les abus, et dans les deux cas, il s’agit de faire la chronique d’un assassinat d’une part, et d’une déroute de l’autre. Mais, le dernier film du réalisateur Costa-Gavras n’est pas un panégyrique en honneur de son compatriote, l’économiste Varoufakis. « Nous n’avons pas besoin d’ héros », a souligné Costa-Gavras « mais de personnes cohérentes, et Varoufakis l’a été, cohérent, lorsqu’il a démissionné, après que le gouvernement grec a trahi le mandat référendaire du peuple grec » contre les diktats de Bruxelles.
Nous disions que le plaidoyer pour une Europe unie, était étonnant venant de la part d’un grec du poids politique et intellectuel comme Costa-Gavras… En fait, en reproduisant l’arrogance de la bureaucratie de Bruxelles, et les pouvoirs politiques et économiques qui tirent les ficelles, Adults in the room photographie le cynisme et le machiavélisme des hautes sphères du pouvoir et dénonce l’impuissance des hommes politiques. La ligne entre impuissance et trahison en politique risque d’être floue. En fait le portrait de Tsipras, le dirigeant qui a objectivement trahi son peuple, dans le film parait plutôt comme un homme faible et même une victime d’un engrainage diabolique. Un film qui raconte la victoire du marché sur le peuple et de la bureaucratie sur la démocratie. Terminons en signalant la scène où le chef de gouvernement grec capitule: une danse traditionnelle hellénique avec les hommes et les femmes de pouvoir à Bruxelles se refermant sur le pauvre Tsipras. Plus qu’on homme politique il semblait un taureau dans l’arène d’une corrida.
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