Tout d’abord un coup de chapeau aux programmes audiovisuels gagnants des sections « Fiction » et « Séries » avant une présentation plus détaillée des œuvres gagnantes des autres sections. Ces dernières ayant interpellé l’intérêt de notre publication pour la diversité culturelle.
« Marvellous », drame de fiction britannique signé par le réalisateur Julian Farino a remporté la FIPA 2015 d’or dans la section « Fiction » et son protagoniste Toby Jones a, quant à lui, gagné le prix de la meilleure interprétation masculine. Indéniable preuve de talent de la part de l’acteur britannique qui a réussi à interpréter un personnage avec des handicaps d’apprentissage sans jamais sombrer dans le pathétique. Inspirée d’une histoire vraie, l’œuvre raconte la vie de Neil un personnage un peu simplet qui par sa candeur arrive à surmonter les obstacles ne renonçant jamais à ses rêves et à ses passions. « Un film optimiste pour une époque cynique » telle est la façon dont le réalisateur a défini son œuvre alors en connexion avec Biarritz par Skype au moment de remercier le jury biarrot. Dans la section « Fiction », nous nous limiterons à signaler que l’œuvre de Toby Jones peut aussi se lire comme un hymne à la gloire d’un vieil adage (attitude is eveything) bien connu dans le monde anglophone. Il est certes vrai qu’une attitude positive à l’égard des difficultés de la vie est supposée rendre ces dernières plus faciles à résoudre, mais il ne faut pas oublier le coté sombre de ce raisonnement: l’auto culpabilisation dans le cas d’échec dans un système bloqué…
Dans la section des séries de télévision, on souligne un autre succès britannique : « Happy Valley » de la réalisatrice Sally Wainwright. Une inspectrice de police du Yorkshire est confrontée à un aveu bien singulier: un père de famille confesse avoir imaginé le kidnapping de la fille de son patron dont la rançon servirait à envoyer ses enfants dans une école privée… On y reconnaît d’emblée une fusion bien britannique où excentricité et contexte social marquée par clivage de classes se mélangent avec le thriller policier. Hélas, seulement les deux premiers épisodes ont été projetés au FIPA 2015.
Venons en à la première des œuvres primées : « Pekka », le film gagnant du FIPA 2015 d’or dans la section « Documentaires de création » Nous sommes dans les banlieues boisées de Helsinki, en Finlande en novembre 2007. Un sanglant fait divers vint de défrayer la chronique. Pekka, 18 ans, abat de sang froid huit personnes dans son lycée. C’est une tragédie nationale et l’incompréhension.
Par les témoignage de ses parents, de ses camarades et de ses enseignants , nous entrons peu à peu dans la tête d’un jeune serial killer ou random killer. Le film décrit le parcours qui a conduit cet adolescent «normal» à ce geste monstrueux. Mais comme il est peut être normal, il est impossible de ne pas remarquer ce qui ressort de ces différents déclarations : de l’école à la famille, chacun se renvoie la balle. D’un côte les parents soulignent le processus d’exclusion et harcèlement dont Pekka aurait été victime à l’école. De l’autre, les enseignants pointent « l’excentricité d’un père musicien baba cool » et d’une mère écolo radicale « opposée à toute pollution des voitures ». Résultat : au bizutage, dont Pekka est la cible à l’école s’ajoute le manque de socialisation dont souffre le jeune. Car n’ayant pas de voiture les parents ne peuvent pas l’accompagner pratiquer des sports d’équipe ; ce qui amplifie son isolement.
Pekka est une sincère et courageuse tentative de comprendre l’incompréhensible, et de nos jours l’effort d’essayer de trouver une « raison » pour expliquer des gestes « irrationnels » devrait être salué car il est le dernier rempart avant le fatalisme.
Saluons donc, comme il se doit, cette production néerlandaise dont le prix est amplement justifié. Rappelons les mots du directeur de l’école qui, sous les tirs de l’arme de feu de Pekka se disait : « il faut que je m’en sorte pour aider ma femme à… payer l’hypothèque ». À sa façon culturellement protestante peut être, le directeur du lycée de la périphérie d’Helsinki nous rappelle à tous que survivre l’horreur est un devoir moral.