Tout débat sur la diversité culturelle comme sur le pluralisme politique ne peut faire l’impasse du petit écran. Ce n’est pas seulement parce que, comme les observateurs l’ont souvent souligné, la télé est un « médium populaire », sinon un médium tout court ; mais aussi et surtout parce que dans notre civilisation de l’image, la télé s’est transformée, qu’on le veuille ou pas, en un espace spécifique ayant remplacé l’agora grecque ou le forum latin.
Dans cette perspective, ce qui est produit dans le monde pour la télé, ne peut nous laisser indifférent. Prendre le pouls des tendances télévisuelles c’est déjà dessiner la cartographie de nos humeurs et de l’évolution de nos valeurs et de nos représentations pour le meilleur et pour le pire.
En d’autres mots, s’il n’y a plus besoin de chemises noires pour contrôler violemment l’espace public, la télé «fait la job » (comme on dit dans mon pays d’émigration et de naturalisation). Toute la gamme de la manipulation y passe: de l’infantilisation à un certain lavage des cerveaux (comme l’a su comprendre un certain Berlusconi dans mon vieux pays de naissance et formation).
Pour ma part, je voudrais commencer cette série de chroniques sur la 27e édition du Festival International des Programmes Audiovisuels qui vient de se terminer fin janvier à Biarritz en partageant une conviction personnelle qui peut paraître banale : avec l’arrivée d’Internet, pour la première fois dans sa courte mais intense histoire, la télé se trouve confrontée à une concurrence efficace ; et heureusement la télévision semble vouloir se battre pour survivre. Cela se traduit au fait qu’aujourd’hui par une grande créativité dans la recherche des thématiques, l’exploration des lieux et les personnages.
D’autre part, il faut souligner que le choix des différents jury indique clairement que la télévision n’échappe pas à des biais culturels et politiques, voir à un certain chauvinisme qu’on peut saluer ou maudire, mais qui restent bien enracinés.
Commençons donc par la fin de cette kermesse de programmes audiovisuels constitués par 93 films en compétition dans les différentes catégories, venant des télévisions de 25 pays du monde, en rendant hommage aux gagnants sur lesquels on reviendra lors des prochaines chroniques :
Congo Business Case du hollandais Hans Bouma a remporté le Fipa d’or de la catégorie des Grands Reportages et investigation ; le prix Michel Mitrani est allé au français Le Copain d’avant de Laurent Morocco et Françoise-Renée Jamet ; le Fipa d’or de la section Documentaire et création est allé à Chante ton bac d’abord de David André et le Prix du Jury des Jeunes Européens est allé au réalisateur de souche tibétaine Tenzing Tsetan Choklay l’auteur de Bringing Tibet Home.
Dans la section des Séries télé, le danois Arvingerne (The Legacy) de Pernilla August a remporté le Fipa d’or pour le meilleur scénario alors que le britannique Peaky Blinders de Otto Bathurst a obtenu le Fipa de la meilleure musique originale et des interprétations masculine et féminine de la même section. L’hommage de John Bridcut au maestro Colin Davis, Colin Davis in His Own Words a remporté le Fipa d’or dans la section Musique et spectacles, et finalement dans la section Fiction Jean-Xavier Lestrade a eu le Fipa d’or pour son 3xManon, le prix pour le meilleur scénario dans la même catégorie est allé à l’allemand Take Good Care of Him de Johannes Fabrick. Toujours dans la section Fiction le prix de la meilleur interprétation féminine est allé au protagoniste du britannique The Politician’s Husband de Simon Cellar Jones, alors que le prix pour la meilleure interprétation masculine est allé au protagoniste du film catalan Descalç Sobre la terra vermella, ou Pieds nus sur la terre rouge, film de Oriol Ferre qui a obtenu également le prix de la meilleure musique originale dans la section Fiction.