Lundi 12 novembre, grève des chirurgiens, des blocs opératoires, des internes, des anesthésistes… on découvre étonnés leurs conditions de travail et de salaires : 75 heures ou plus par semaine pour des internes payés 1350 euros brut mensuel en première année. Pratiquera-t-il ensuite les fameux dépassements d’honoraires quand il aura son diplôme ? A voir.
Il y en a une tout état de cause qui ce n’est pas gêné pour le revendiquer haut et fort.
Mardi 13 novembre, à 19h15, apparait sur le plateau du Grand Journal une chirurgienne flamboyante qui assène quelques chiffres très précis aux pauvres péquenots que nous sommes, avides de comprendre comment fonctionnent l’hôpital, le bloc et la sécu : « Une chirurgie réparatrice des mains (arthrose des doigts d’un violoncelliste par exemple) est remboursée 200 euros par la Sécu. Vous rendez-vous compte ? Après 15 ans d’études, on ne peut accepter cela, c’est le prix d’un plombier, d’un coiffeur ou d’une paire de pompes. »
C’est faux.
Pour avoir son doctorat en médecine, il faut 7 ans, plus 3 ans de spécialité chirurgicale, me confirme un cabinet de chirurgie orthopédique. Le compte n’y est pas. Quant aux remboursements Sécu, il y en a à 200 euro, 400 euro, 800 euro pour ladite chirurgie réparatrice des mains. Curieusement, aucun journaliste présent sur le plateau ne pose, en effet, la moindre question.
Elle doit habiter dans les beaux quartiers, la chirurgienne, car mon coiffeur créateur montmartrois prend 78 euros pour des mèches couleur plus brushing, mon plombier entrepreneur me prend 30 euros pour la dépose de deux radiateurs un peu vieux et grippés (15 minutes)… Restent les pompes. Elle n’a pas dit escarpins, baskets, tropéziennes ou bottillons mais pompes, terme familier, légèrement argotique, néanmoins branché, et qui appartient aussi au champ lexical du corps humain puisque le muscle cardiaque est une pompe. Les pieds, soutien du squelette, activent cette pompe à chaque pas d’où( ?) déplacement sémantique et la pompe devient chaussure. Quand les muscles travaillent trop, quand on a trop marché, on est pompé (épuisé). Pomper, c’est aussi boire : quand on a trop bu, on est pompette.
Enfin, je découvre dans mon dictionnaire du français argotique et populaire qu’au féminin pluriel, les pompeuses, ce sont les lèvres : waouh !
Pourquoi certaines gens assènent-elles des contre-vérités ? Ça me pompe l’air !!
IM