Il y a quelques semaines, Nicolas Karabatic, notre joueur de handball préféré lâchait sur facebook à propos de son exclusion du club de Montpellier et de sa mise en examen : « C’est un cauchemar ! ». Plus récemment, Jérôme Kerviel est condamné en appel à trois ans de prison ferme et à rembourser 4,9 Milliards à la Société Générale pour l’unique motif qu’ « il a agi seul ». Et chacun de gloser et de ressasser dans les médias « 370000 années de SMIC » ou « 8 millions par mois pendant 50 ans ». Jérôme Kerviel a presque toujours la tête baissée et quand une journaliste de BFM lui propose l’adjectif cauchemardesque, il acquiesce d’un air las. On ne peut comparer les deux exemples mais on peut s’interroger sur le substantif cauchemar qui est quasiment toujours employé métaphoriquement.
En effet, il est rarissime de rêver un jour, au XXIème siècle, qu’un membre de sa famille vient d’être guillotiné. Le cauchemar vise toujours le futur. Le cauchemar est obsessionnel, il rend fou, il empêche de raisonner sainement. Il nous hante. Tout sommeil est devenu impossible : on est dans la tempête, dans l’ouragan, et toutes les hyperboles météorologiques à notre disposition. On se débat contre d’énormes machines politico-économico-judiciaires contre lesquelles tout effort est vain.
L’étymologie picarde de ce mot précise qu’on est « pressé » de toutes parts, « foulé » comme du raisin dans la cuve, « talonné » par qui ? Par une sorte de démon, de djinn, de fantôme, d’esprit contre lequel on est totalement démuni car il oppresse et écrase.
On peut rétorquer tout simplement que la Société Générale avait choisi un meilleur avocat (Jean Veil) que Jérôme Kerviel (Me Koubi).
Ou que le pot de terre n’avait aucune chance contre le pot de fer.
Tout récemment, un manipulateur escroc, que certains médias appellent « gourou » a été condamné à 8 ans de prison pour avoir dépouillé une famille de 11 personnes. Mais il n’a pas été condamné à rembourser les 5 millions qu’il s’est mis dans les fouilles.
Deux poids, deux mesures ?