Cher Vincent Peillon,
Vous êtes philosophe, comme Luc Ferry, qui vous a précédé à la tête de la plus grosse entreprise de France. La philosophie, avons-nous appris en terminale, c’est l’amour de la sagesse. C’est aussi et surtout, la réflexion dans l’action. Alors, par pitié, laissez la communication – bien souvent l’art de la désinformation et du clairon – à vos prédécesseurs, et agissez. Quant aux futurs cours de « morale laïque », apprise et notée, voyez avec quelques conseillers et surtout, quelques professeurs de philo ou d’histoire ce qu’ils en pensent. J’imagine déjà un cours d’une heure par semaine, avec interro écrite et annotation trimestrielle….
Il n’y a pas de morale religieuse ou laïque. Il y a la morale, science du bien et du mal, nous dit le Robert, ce que l’on doit faire et ne pas faire, ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. Ecoutez plutôt : « Cet achat de nègres, pour les réduire en esclavage, est un négoce qui viole la religion, la morale, les lois naturelles et tous les droits de la nature humaine » ( Jaucourt, article Traite des Nègres, in Encyclopédie, 1751-1772). Il est bon de dire la vérité, de donner, d’être généreux, de partager, il n’est pas bon d’être égoïste, de ne penser qu’à l’argent, de l’ériger en valeur suprême. L’aumône obligatoire chez les Musulmans, de préférence le vendredi, me semble une excellente chose. Elle est un des cinq piliers de l’Islam et apprend aux Musulmans à donner et à partager. Si l’on peut parler de morale stoïcienne, chrétienne ou épicurienne, Il n’y a qu’une science du bien et du mal.
Normalement, ce sont aux parents d’inculquer la morale à leurs enfants. Et puis l’école a pris le relais car bien des parents baissaient – baissent ? – les bras. L’intrusion des écrans multiples a enfermé beaucoup d’enfants et d’adolescents – et d’adultes également, soyons clairs – dans des bulles bien compactes dont il est difficile de les extraire.
Une fois de plus, cher Vincent Peillon, j’ai digressé ( néologisme !). Je dois donc conclure. Il n’y a pas de morale laïque, bien qu’il existe des morales un peu différenciées. Celui qui nous l’a le mieux expliqué, c’est ce bon Monsieur de la Fontaine qui appelait cela « moralité ». Je préfère pour ma part « leçon(s) de vie ». Et je pense qu’on doit toujours s’y référer. A tout âge.
La raison du plus fort est toujours la meilleure.