Ils se haïssent, ils ricanent, ils ridiculisent leur parti. Ils oublient 1306 voix dans les pays lointains, ils s’autoproclament chacun son tour. Ils comptent et recomptent, ils refusent tout ce que veut l’autre, les dates, les recomptages, les commissions, les recours.
Les femmes suivent. Tabarot, Pécresse, même combat, je ricane, je te hais, je ridiculise , je te fais taire, je lève les yeux au ciel : « Enfin, voyons, Michèle, tu sais bien que… ». Le spectateur se régale, ricane, insulte in petto et compte les points. Le spectateur de droite ne se régale pas, sourit, insulte in petto, demande la paix et s’autoflagelle, il appelle à son secours le grand homme Pasqua. Le spectateur de gauche se régale, insulte, sourit et se souvient d’un combat similaire mais féminin, en 2008, qu’il avait bien oublié mais qui était tout aussi dérisoire et lamentable : Martine et Ségo sont dans un bateau, Ségo tombe à l’eau, qu’est-ce qui reste ?
C’est cela la politique, une comédie humaine, une ample comédie à cent actes divers ? J’appelle à mon secours Balzac et La Fontaine. Une ample comédie grotesque, baroque, une farce médiévale où injures, coups de bâton de Sganarelle et Pathelin alternent avec filouteries et ruses de Renart tandis que le spectateur, au Palais Royal, en fait des gorges chaudes.
Mais alors, quel langage ! Quelle leçon de vocabulaire pour nos collégiens! Quelle accumulation de figures de style cicéroniennes! Quel excès dans le drame : hyperboles, anaphores, métaphores, euphémismes et j’en passe ! Descartes, Rousseau, vous revoilà ! Victor Hugo et tes châtiments !
Alors qu’il ne s’agit en réalité que d’une pantalonnade qui nous vient de la comédie italienne où le docteur Pantalon – ne pas confondre avec Saint Pantaléon – rivalisait de bons mots et de gros rires avec notre Guignol Lyonnais.
Nous avions été sevrés de feuilleton depuis la longue affaire Strauss-Kahn qui a resurgi il y a quelques jours à l’occasion d’un procès (quel procès, déjà ?) Et hop, exit le duel à droite pendant 24h….
Hop, hop, hop…